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MATTHIEU BATAILLE ET OLIVIER DESROSES, SÉLECTIONNÉS POUR LES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES 2021 !

11/02/2021

La bonne nouvelle leur est parvenue mardi soir. La sélection des arbitres pour les jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo 2021 est tombée et deux arbitres français officieront pendant ces deux compétitions : Matthieu Bataille sera présent pour l'épreuve Olympique alors qu'Olivier Desroses a, lui, été retenu pour l'épreuve Paralympique qui se déroulera du 24 août au 5 septembre. 

Pour les deux arbitres, présents dans le groupe de préparation des jeux Olympiques depuis 2018, cette sélection est l'accomplissement de 3 ans de travail intense. Les deux hommes, aux parcours opposés, s'envoleront vers Tokyo l'été prochain pour représenter la France parmi les arbitres. Dans sa reconversion d'après-carrière, Matthieu Bataille connait une ascension fulgurante ! Lui qui a obtenu son diplôme d'arbitre en 2017, le voici, 4 ans plus tard, propulsé au rang de représentant de l'arbitrage Français aux jeux Olympiques. Olivier Desroses a lui connu un parcours d'arbitre plus classique. Après avoir gravi les échelons un par un, l'Orléanais vivra à Tokyo ses premiers jeux Olympiques, qui viennent récompenser 25 ans de travail. 

Découvrez sur nos deux arbitres Olympiques dans leurs interviews ! 

Matthieu Bataille : 

Quelle a été votre réaction suite à l’annonce de ta nomination parmi les arbitres qui officieront aux JO de Tokyo ? 

Cette sélection a été une surprise pour moi ! Je l’ai appris mardi soir directement par la FIJ. C’est sûr que cela faisait partie de mes objectifs mais je ne pensais pas y arriver aussi rapidement. Lorsque j’ai commencé l’arbitrage je voulais avancer palier par palier, mais finalement tout s’est fait très vite et j’en suis très heureux. Je visais à l’époque davantage les Jeux de Paris 2024, mais j’ai fait beaucoup de compétitions entre 2018 et 2019, ce qui m’a permis de progresser à grands pas et d’obtenir de bonnes notes d’arbitrage.

Vous n'avez pas connu une trajectoire d’arbitre « classique »…

Non, c’est évident. La président de la FIJ a mis en place un cursus de formation à l’arbitrage plus rapide pour les anciens champions continentaux et mondiaux. En 2017, je me suis dit « pourquoi pas ? ». Je ressentais une sorte de manque ! Lorsque tu es athlète de haut niveau et que tu arrêtes ta carrière, tu perds un "petit quelque chose" et l’arbitrage m’a permis de combler ce manque. Il me permet de retrouver ces sensations dans l’approche psychologique d’une compétition. J’éprouve beaucoup de plaisir à me rendre de nouveau sur les compétitions. Pour progresser, j'ai pu compter sur l'aide de tous mes collègues arbitres, nationaux et internationaux. Il y a toujours une équipe soudée et prête à te venir en aide. Je les remercie pour cela, tout comme je remercie le ministère chargé des sports et la fédération qui m’ont soutenu dans cette démarche.  

Vous étiez encore sur les tatamis il y a peu de temps, cela vous arrive-t'il d’arbitrer des judokas que vous avez déjà combattu ? Qu’est ce que cela fait ? 

Oui, plusieurs fois ! C’est très particulier car je me remémore de jolis souvenirs mais je fais abstraction de tout ça pour être le plus droit possible ! 

Comment abordez-vous chaque compétition en tant qu’arbitre ?

Je n’ai évidemment pas la routine d’un athlète mais je me prépare mentalement car les actions vont souvent très vite, et la prise de décision est très délicate donc il faut un maximum de concentration. Il y a, tout de même, un peu de pression à gérer. J’ai été athlète donc je sais le travail que chacun met en œuvre pour se préparer pour chaque compétition. Une décision peut tout remettre en cause et les pénaliser donc il ne faut pas se tromper…

Vous parlez de votre carrière sportive, est-ce que cela vous aide dans votre façon d’arbitrer ? 

Je pense que oui, surtout dans l’anticipation des tactiques que les athlètes vont mettre en place. Après je regarde également beaucoup de judo. En faisant de l’analyse vidéo, on commence à comprendre les comportements des athlètes. Et, d’un point de vue psychologique, ma carrière sportive m’a permis d’apprendre à me remettre en question, donc je regarde beaucoup les combats que j’arbitre avec un œil critique pour identifier ce que j’ai fait, ce que j’aurais du faire… L’air de rien, l’arbitrage nécessite beaucoup d’entraînement aussi. 

Avez-vous déjà un programme d’ici aux jeux Olympiques ? 

Cela reste encore à éclaircir. Ma prochaine échéance sera Tashkent pour le Grand Slam début mars. Après je n’ai pas encore de programme sur les prochaines compétitions. J’ai les dates du calendrier IJF mais je ne sais pas à quelles compétitions je participerai. Il y aura peut-être aussi des stages d’arbitrage mais je ne sais pas si ces stages pourront être organisés. 

Quels sacrifices l’arbitrage de haut-niveau représente-t'il ? Par an, combien de temps passez-vous près des tatamis pour arbitrer ?

Je vais prendre l’année 2019 comme base car l’année 2020 n’a pas été ce que l’on aurait souhaité qu’elle soit. En 2019, j’ai du faire plus de 15 compétitions internationales et lorsque je pars ça représente une absence d’une semaine environ. Au quotidien, c’est tout de même moins que pour les athlètes. 

Olivier Desroses : 

Comment avez-vous réagi à l’annonce de votre nomination ?

Forcément j’étais très heureux ! Ce n’était pas une surprise dans l’absolu car cela fait 3 ans que, avec Matthieu (ndlr : Matthieu Bataille), nous travaillons pour cela. Nous avons été sélectionnés pour faire partie d’un groupe de préparation à Tokyo. C’est au final l’aboutissement de 3 années de travail et cette récompense ne tombe pas du ciel. Matthieu et moi faisons partie des 15 premiers arbitres de la ranking list internationale, nous pouvions espérer obtenir notre place. Nous avons travaillé dur pour cela et nous avions officié sur du para-judo donc nous étions éligibles pour les jeux Paralympiques aussi. Il y a donc une grosse satisfaction liée à l’aboutissement de ce travail. Nous terminons un cycle sur la récompense que nous attendions et il y a aussi la fierté supplémentaire de représenter la France et de lui permettre d’être l’une 4 nations qui seront représentées sur les jeux Olympiques et sur les jeux Paralympiques.

Parlons de vous, quand et comment avez-vous commencé l’arbitrage ?

Oh, cela fait bien longtemps que j’arbitre ! J’ai arbitré au siècle dernier (rires) ! J’ai commencé au niveau départemental en 1994 puis, 2 ans plus tard, je suis passé en régional. J’ai atteint le niveau national en 2003 avant d’intégrer le niveau européen en 2011. J’ai ensuite grimpé au niveau international et j’ai pu officier sur mon premier championnat du monde, le championnat du monde Cadet/tes, en 2017. Je suis sur le circuit de l’IJF World Tour depuis 2018. J’ai mis un peu de temps à gravir les échelons au départ ! Contrairement à Matthieu qui a pu bénéficier d’un cycle de formation dédié aux athlètes de haut-niveau, j’ai suivi le cursus classique pour devenir arbitre et cela prend plus de temps, même si aujourd’hui cela irait un peu plus vite ! 

En commençant, étiez-vous déjà dans l’objectif d’arbitrer à haut-niveau, pourquoi pas au point de rêver des jeux Olympiques ? 

Pas du tout ! J’ai débuté pour découvrir, puis ça m’a plu et je ne devais pas être si mauvais que ça (rires) ! J’ai cheminé doucement en montant échelon par échelon sans trop me poser de questions. J’ai été surpris lorsque l’on m’a proposé pour le national, et une fois arrivé à ce niveau je me suis dis qu’atteindre le niveau européen serait sympa, mais je voyais ça de très loin. Ce n'est qu'à partir du moment où j’ai atteint le niveau continental que les portes se sont ouvertes et je me suis pris au jeu. Mais je n’ai jamais pensé à la possibilité de faire des jeux Olympiques ou Paralympiques avant 2017 et mon arrivée sur des championnats du monde. C’est seulement à ce moment là où j’ai commencé à me dire que cela pouvait être possible. 

Comment cela se passe avec les autres arbitres ? Y’a-t-il une certaine concurrence ?    

Cela se passe très bien ! Évidemment que la concurrence existe et qu’il peut y avoir plus d’affinités avec certains et moins avec d’autres, mais nous sommes tous à nous entraider. Il y a une vraie ambiance de groupe et nous vivons très bien ensemble. Il vaut mieux d’ailleurs, car nous sommes quand même très souvent regroupés ! Sur une année de compétition normale, on se retrouve souvent, presque tous les 15 jours, pendant une grosse semaine donc on passe énormément de temps tous ensemble… Sur certaines périodes j’ai du passer plus de temps avec Matthieu et les collègues qu'avec mes proches ! Alors, avec le contexte actuel, à chaque compétition, on est heureux de se revoir, mais c’est forcément moins fréquent. Nous sommes un peu sevrés. Quant au niveau national, je suis un ancien maintenant ! Mais c’est une bonne ambiance. J’ai reçu plein de message de félicitations de mes collègues au national, au régional, départemental… 

Vous continuez à arbitrer au niveau régional ? 

Bien sûr ! Dès que je peux je suis sur les tapis ! Évidemment la priorité est donnée à l’international et je ne fais plus toutes les dates au niveau régional mais j’essaie d’être présent autant que je peux. Et je suis désormais formateur au niveau de la ligue Centre Val de Loire. J’essaie d’accompagner et encadrer les plus jeunes qui sont moins expérimentés… 

Vous parlez du calendrier international, combien de temps passez-vous sur des compétitions internationales ? 

En 2019, j’ai arbitré 18 compétitions internationales. Ça fait beaucoup ! Ce sont des sacrifices personnels mais aussi professionnels car j’ai aussi un travail ! Entre les congés, les RTT et les changements de planning, c’est toute une organisation qu'il faut mettre en place. Et je compte, aussi, sur le renouvellement de ma CIP car cela facilite quand même les choses et, sans elle, cela pourrait devenir plus compliqué ! 

Quelles sont les différences dans l’arbitrage en para-judo ? 

Les différences sont principalement dans le protocole d’accompagnement. Il y a une validation protocolaire à passer avec des gestes à connaître pour pouvoir arbitrer en para-judo. Mais après une journée à se concentrer sur le protocole, tout se fait de façon naturelle. 

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