LA FFJDA S'ENGAGE AVEC L'ASSOCIATION LES PAPILLONS
La FFJDA poursuit son engagement dans la lutte contre les violences de toutes les formes. Après s'être engagée auprès de l'association Colosse aux pieds d'argile la semaine dernière, la fédération, par son président Stéphane Nomis, a co-signé une convention de partenariat avec l'association Les Papillons©, oeuvrant pour la libération de la parole des enfants victimes de tout type de violence. Créée en 2018, l'association met en place dans les structures d'accueil de publics mineurs des boîtes aux lettres pour que les victimes et/ou témoins de violences puissent signaler dans l'anonymat des actes de maltraitances. Placées dans des endroits spécifiques au sein des structures, ces boites aux lettres Les Papillons© sont relevées quotidiennement par des bénévoles de l'association. Selon la nature des faits dénoncés, l'association, comme tout citoyen peut le faire, saisit les Cellules de Recueil des Informations Préoccupantes (CRIP) des départements concernés ou initie des actions d'accompagnement en local avec les acteurs de la protection de l'enfance.
La FFJDA s'est engagée auprès de l'association avec pour objectif d'équiper de boîtes aux lettres Les Papillons© toutes les structures de la fédération accueillant des mineurs. Le partenariat entre les deux entités prendra d'abord la forme d'une phase de test organisée dans 4 comités que sont le Finistère, l'Isère, l'Orne et la Seine-Maritime, avant de mettre tout en oeuvre pour généraliser cette pratique à tous les clubs de France. L'objectif de la FFJDA est d'équiper de boites aux lettres au moins un club par comité d'ici la fin 2021.
La signature s'est déroulée dans les locaux de la fédération ce vendredi 5 février en présence de Laurent Boyet, président-fondateur de l'association, Stéphane Nomis, président de la FFJDA, Magali Baton, secrétaire générale de la FFJDA, ainsi que des représentants des comités qui participeront à la phase de test (Myriam Devaux, représentant le comité du Finistère, Rémy Bastard, secrétaire général du comité de l'Isère, Chantal Maillard, présidente du comité de l'Isère, Michel Menardon, président du comité de l'Orne).
Retrouvez les réactions suite à cette signature.
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De gauche à droite : Laurent Boyet, président et fondateur de l'association Les Papillons, Myriam Devaux, représentant le comité du Finistère, Stéphane Nomis, président de la FFJudo, Rémy Bastard, secrétaire général du comité de l'Isère, Chantal Maillard, présidente du comité de l'Isère, Magali Baton, secrétaire générale de la FFJudo, Michel Menardon, président du comité de l'Orne. - © Tous droits réservés / FFJudo
RÉACTIONS :
Laurent Boyet, président-fondateur de l'association Les Papillons©
Pourriez-vous nous décrire votre association et ses ambitions ?
Cette association est le fruit de mon histoire personnelle. J’ai été victime de violences sexuelles de 6 ans à 9 ans et j’ai eu la volonté de mettre à disposition des enfants, qui comme moi ne parviennent pas à parler de ce qu’ils peuvent subir, des solutions pour se libérer de ce poids. Enfant, il y a deux endroits où je me sentais le plus en confiance : l’école et mon club de sport. Naturellement, dans mon envie de venir en aide aux personnes qui n’arrivaient pas à libérer leur parole, et lorsque l’idée a germé de mettre en place ces boites aux lettres, je me suis tourné vers ces deux endroits. L’association Les Papillons a vraiment commencé à grandir l’année dernière avec la pose de nos premières boîtes aux lettres. Début 2020, nous étions 55 adhérents, nous sommes désormais plus de 500. Nous avons installé 46 boîtes aux lettres. Nous relevons quasiment quotidiennement des mots dans les boites aux lettres. Nous sommes présents sur tout le territoire français et même à la Réunion ou en Guyane. Nous sommes donc en pleine croissance, et tout cela est boosté par les conventions que nous pouvons signer avec les fédérations comme c’est le cas aujourd’hui. Ces conventions permettent de développer la quantité de boites aux lettres présentes dans les infrastructures sportives et scolaires mais également de faire parler de notre cause, de donner de la légitimité à notre association.
Vous racontez justement que votre club sportif, un club de football, était un lieu de confiance pour vous, mais où on ne vous a jamais tendu la main pour évoquer votre situation. Quelles sont vos attentes vis-à-vis des clubs dans l’accompagnement et la libération de la parole ?
En réalité, c’est justement cela que j’attends d’eux : être pour les victimes cette main tendue que j’ai espérée étant plus jeune. Je n’étais pas capable de parler de ce qu’il m’arrivait mais, même si je comprenais que cela ne soit pas facile car je n’en parlais pas, j’espérais que l’on soit en capacité de détecter que je n’allais pas bien. Avec l’aide de ces boites aux lettres, je souhaite que les clubs soient un soutien pour les enfants qui subissent des maltraitances, qu’elles soient vécues au sein du club, à l’école ou à la maison. J’attends des clubs qu’ils soient ce que je n’ai pas eu. C’est d’autant plus important pour nous d’être présents dans les clubs de judo car c’est un des sports, avec la natation ou encore le football, les plus pratiqués par les enfants.
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Quels sont les objectifs de cette convention avec la FFJDA ?
À long terme, l’objectif est d’équiper tous les clubs de judo d’une boite aux lettres pour chaque infrastructure. Nous allons commencer par signer des conventions avec des comités précis, mais l’objectif que s’est fixé l’association serait de dépasser la barre des 1000 clubs de judo d’ici 2024.
À plus court terme, vos principaux interlocuteurs seront donc les comités ?
Tout à fait, pour la mise en place d’un côté, mais également pour que, dans le cas d’un signalement, le cas ne soit pas directement réglé par le club mais qu’il y ait un organisme « au-dessus » qui puisse être informé. Au niveau de l’association, le comité serait notre premier interlocuteur lorsque nous relèverons des mots dans les boites.
Combien de conventions avez-vous signé avec les fédérations sportives ?
Nous sommes conventionnés avec le ministère chargé des sports, la fédération française de natation, et désormais la fédération française de judo. Nous travaillons avec la fédération française d’escrime et nous avons également des contacts avec le basket. Enfin, nous avons commencé à mettre un pied dans le football car nous avons annoncé ce jour (ndlr : le 5 février 2021) un partenariat avec l’OGC Nice.
Avez-vous des objectifs pour l’association qui vont au-delà de l’installation des boîtes aux lettres ?
Effectivement, si notre premier objectif était l’instauration de ce concept des boîtes aux lettres pour mettre en lumière une situation et libérer la parole, notre deuxième objectif sera logiquement d’accompagner cette libération de la parole. Tel que fixé dans les statuts de l’association, notre deuxième objectif est de créer des Maisons de Papillons, qui seraient des lieux où les victimes et leurs proches pourraient trouver 3 offres d’accompagnement : un accompagnement psychologique, juridique, et une offre de thérapies souples comme l’équithérapie, l’art-thérapie, etc. qui permettent aux enfants de reprendre confiance en eux. Nous sommes aujourd’hui déjà en capacité d’accompagner les familles avec un soutien psychologique, nous sommes aussi capables de prendre en charge le financement de cet accompagnement psychologique. Nous essayons doucement de dépasser le simple cadre de la mise en lumière pour aller petit à petit vers l’accompagnement.
Le fonctionnement de l’association repose sur un maillage territorial très important, comment mobilisez-vous les bénévoles ?
Nous parvenons à mobiliser de nouveaux bénévoles grâce, notamment, aux réseaux sociaux, ou encore aux retombées médiatiques que nous pouvons avoir. Ensuite, chaque pose de boite aux lettres représente une opportunité de sensibiliser des bénévoles potentiels. Les gens se disent que le processus d’installer une boite aux lettre anonyme est simple, ils se demandent pourquoi cela n’a pas été fait plus tôt. Les personnes qui rentrent dans notre association ont toutes la volonté d’agir. Nous agissons de manière assez simple mais, même les gestes les plus simples peuvent avoir un impact sur la protection de l’enfance.
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Magali Baton, secrétaire générale de la FFJDA
Comment s'est déroulée la prise de contact avec l'association ?
Durant la campagne, Stéphane Nomis a eu l’occasion de rencontrer Laurent Boyet, le président de l’association. C’était au moment où les affaires de violences ont été dénoncées dans la presse. Nous avons tout de suite envisagé qu’en cas de victoire aux élections, nous nous rapprocherions pour envisager une manière de collaborer. Dès le premier mois, Laurent est venu à la fédération pour me présenter son association et travailler sur la marche à suivre.
En quoi la signature avec les Papillons est-elle complémentaire avec Colosse aux pieds d’argile ?
Il s’agit d’un support très différent : l’association Les Papillons propose d’installer des boites aux lettres dans les dojos. A cette occasion, un bénévole de l’association prend le temps d’expliquer aux enfants l’utilité de cette boite aux lettres. C’est un moment privilégié qui permet de mettre des mots sur des actes tabous. Trop souvent, les victimes ne savent pas à qui s’adresser : cette boite aux lettres permet de créer un lien de communication, tout en préservant le sentiment de sécurité des jeunes victimes.
Les enfants qui le souhaitent ont donc la possibilité de déposer des courriers, des dessins à l’intérieur de ces boites aux lettres. Ce sont des bénévoles de l’association qui passent tous les jours pour relever les boites aux lettres. Les documents éventuellement récupérés sont ensuite traités par des professionnels, comme les Cellules de Recueil d’Informations Préoccupantes. C’est donc une démarche tout à fait différente et complémentaire à celle de Colosse aux pieds d’argile.
Quels sont les axes de travail pendant la phase test avec les 4 départements pilote ?
Les quatre premiers comités pilote (Finistère, Isère, Orne et Seine-Maritime) ont été choisis à partir de 2 critères. Le premier était naturellement la volonté des président.e.s de comité de s’emparer concrètement du sujet des violences, et le second était le réseau de bénévoles dont disposait l’association sur le territoire. L’Orne et la Seine-Maritime s’étaient, chacun, rapprochés de l’association au niveau local, sans attendre nos avancées au niveau fédéral. Pour l’Isère et le Finistère, ce sont des comités qui travaillent avec nous au sein de la commission Violences depuis sa mise en place.
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Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le cadre de cet engagement ?
Comme pour le partenariat avec Colosse aux pieds d’argile, nous souhaitons nous engager sur l’olympiade. L’association Les Papillons n’est pas, à ce jour, opérationnelle sur l’ensemble du territoire : il lui faut un réseau de bénévoles pour assurer le ramassage des boites aux lettres. C’est une des raisons principales d’un déploiement sur 4 comités « seulement » aujourd’hui. Mais notre volonté conjointe est de pouvoir déployer la démarche bien au-delà.
Qu'est-ce que ça représente pour un club le fait de s'engager auprès de cette association ?
La lutte contre les violences est aujourd’hui un choix politique et citoyen pour la fédération. Le monde du judo et de ses disciplines associées veut se montrer acteur de cette lutte contre les violences. Je reçois beaucoup d’appel de clubs qui souhaitent agir à titre préventif, à leur niveau. Installer une boite au lettre des Papillons, c’est une manière de contribuer à la lutte contre les violences. Cette action, isolée, ne saurait se suffire à elle-même. Mais, je le répète : notre souhait est de multiplier les actions pour éloigner les prédateurs de nos tatamis et autres lieux de pratique.
Avez-vous un message à faire passer aux clubs qui ne sont pas dans les départements pilotes
Je les encourage à se rapprocher directement de l’association, qui a des antennes sur le territoire. Si la fédération n’a pas vocation à contrôler les initiatives locales, nous nourrissons l’espoir que dans chaque comité, d’ici la fin de l’année, au moins un club ait installé une boite aux lettres. A travers ce partenariat, nous souhaitons conforter les clubs et notre univers dans notre volonté d’agir contre toutes les formes de violences.
Chantal Maillard, présidente du comité de judo de l'Isère :
Quelles sont les raisons pour lesquelles le comité s’engage aujourd’hui dans cette phase de test ?
L’élément déclencheur a été pour nous la découverte d’un cas de violences qui avait été « etouffé ». Il s’agit d’un cas de violences où l’enseignant a été condamné. Nous avons découvert cela il y a un an alors que les premiers faits reprochés datent de 2006. Rien n’a été dit pour écarter cet enseignant, jusqu’à ce que ça sorte dans les médias. Il y a eu une sorte d’omerta autour de tout cela. Tout cela a vraiment choqué et cette cause est rapidement devenue une priorité pour notre nouvelle équipe de campagne. Nous nous sommes tous engagés à agir sur ce sujet. Lorsque Magali et Stéphane sont venus à notre rencontre en Isère, nous leur avons annoncé ce qu’il s’est passé et notre volonté d’agir contre la maltraitance et les violences. Après l’élection de la nouvelle équipe ils sont revenus vers nous pour nous proposer cette action.
Quelles sont les actions et objectifs concrets qui vont accompagner cette action ?
Nous allons rapidement prendre contact avec les référents locaux de l’association et nous irons rapidement voir tous nos clubs pour leur proposer d’installer les boites aux lettres. Nous avons prévu de faire appel à une personne à temps plein pour gérer le projet et superviser l’installation de ces boites aux lettres. Nous n’avons pas forcément d’objectif chiffré mais notre ambition est de faire prendre conscience de ce sujet. Tout ce qui compte c’est de ne plus jamais voir ce que l’on a découvert.
Michel Menardon, président du comité de judo de l'Orne : :
Que représente cette convention pour votre comité ?
Nous sommes heureux d’agir et d’être moteurs sur ce sujet sensible. Nous avons dans notre comité 42 clubs. Notre volonté est de pouvoir installer une boite aux lettres dans chacun de nos 42 clubs. Nous avons commencé à les solliciter et nous avons déjà reçu des retours positifs. Mais entrent en jeu les municipalités car pour pouvoir installer ces boîtes aux lettres dans les dojos municipaux, il faut l’accord des mairies. Nous avons donc pour ambition de proposer des conventions tripartites entre les clubs, les municipalités et l’association.
Combien de temps vous donnez-vous pour atteindre cet objectif ?
Nous avons le temps, nous ne nous sommes pas fixés d’objectifs dans le temps. Notre ambition reste d’atteindre les 100%, mais tout va se faire progressivement et nous comptons d’ailleurs sur l’effet de groupe pour encourager tous les clubs à se mobiliser. Nous allons fonctionner par palier et si nous pouvons en avoir 20 d’ici la fin d’année, nous serons satisfaits. Cela fait 2 mois et demi que le comité s’est mobilisé sur ce sujet. Nous avons déjà évoqué le sujet avec les clubs et nous avons perçu parfois une certaine inquiétude vis-à-vis des fausses accusations qui pourraient être faites via ces boites aux lettres. Cela peut représenter un frein au lancement du projet mais nous allons faire preuve de pédagogie et nous allons être accompagnés par l’association sur ce sujet.
QUELQUES PHOTOS :
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