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Fédération Française de Judo
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Compétitions internationales

CHAMPIONNAT DU MONDE 2019 - RETOUR SUR LE JOUR 1

25/08/2019

La première journée de ces championnats du monde s'est terminée et l'Équipe de France devra attendre demain pour débloquer son compteur de médailles. Les trois Français engagés n'ont pas pu monter sur le podium au Nippon Budokan. Mélanie Clément a pourtant bien failli rapporter la première médaille, terminant au pied du podium après sa défaite en petite finale.

Malgré la frustration, Mélanie Clément n'aura sans doute rien à regretter. La Française se sera accrochée jusqu'au bout à l'espoir d'une première médaille mondiale, mais sa journée se termine par une 5e place amère. Concentrée et fidèle à son schéma de jeu, la française se qualifie en quart de finale aux dépends de ses adversaires vietnamienne et serbe dans des combats maîtrisés. 

Mais le tirage au sort ayant eu lieu hier n'avait pas fait de faveur à notre Française, tombée dans la partie de tableau de la n°1 mondiale japonaise, Funi Tonaki. Invaincue en 2019 et évoluant devant son public, la Japonaise représente une marche un peu trop haute pour Mélanie qui, dominée au sol, doit logiquement s'incliner. Battue en quart de finale, tout n'est pas terminé pour notre Française qui prend la direction du tableau de repêchage où se présente une nouvelle adversaire redoutable ; la championne olympique Paula Pareto. Mais Mélanie a évolué depuis leur dernière opposition à Abu Dhabi en Octobre 2018, et c'est cette fois la Française qui s'impose au terme d'un combat parfaitement maîtrisé pour prendre la direction du combat pour le bronze ! Quelques minutes après la victoire de la Française, l'identité de sa future adversaire tombe : c'est la Mongole Urantsetseg Munkhbat. Défaite en demi-finale par une Daria Bilodid (UKR) en chemin vers son 2e titre mondial, la n°3 mondiale, est la dernière athlète à battre pour Mélanie sur la route de la médaille. La judokate titrée aux Championnats du Monde 2013 est solide, et son expérience fait la différence ; sur une séquence au sol de plus d'une minute la mongole travaille patiemment sans se précipiter pour finalement, sur une clé de bras, percer la défense pourtant héroïque de Mélanie.

Déjà 5e lors des Championnats d'Europe 2018, Mélanie Clément s'offre une nouvelle place d'honneur qui ne comblera sans doute pas sa déception de manquer le podium de très près. Malgré cela, le côté positif demeure ; la Française confirme sa place parmi les meilleures athlètes de sa catégorie, de bon augure dans l'optique des Jeux Olympiques de l'année prochaine. Déjà remise de sa déception, Mélanie confiait en conférence de presse vouloir déjà retourner au travail pour progresser et monter sur ce même podium dans moins d'un an : "J'espère que c'était une répétition, j'espère que je serai là dans un an, on va travailler pour et ça me donne de l'espoir de me dire que je suis arrivée jusque là en battant des athlètes fortes. Il reste encore du chemin mais je suis prête !". On a hâte.

© Philippe Rabouin / FFJudo

Dans une catégorie des - 60 kg doublée, l'Équipe de France pouvait compter sur deux représentants avec Luka Mkheidze et Walide Khyar. Mais malheureusement, selon des scénarios différents, nos Français ont tous les deux connu mauvaise fortune avec des éliminations respectives au 2e et 3e tour, synonymes d'élimination sans passer par les repêchages. Qualifié en 3e tour après deux victoires convaincantes, Walide Khyar doit faire face à un gros client en la personne du triple médaillé olympique Naohisa Takato. Le combat démarre mal pour Walide qui est sanctionné de deux shidos en l'espace de 50 secondes et se retrouve déjà dos au mur. Contraint d'attaquer, Walide se jette à corps perdu dans ce combat pendant que le Japonais maîtrise son avance. Le Français est finalement sanctionné d'une sortie de tapis et est éliminé à l'issue d'un combat frustrant où il n'aura pas pu s'exprimer pleinement. "Je reste sur ma faim, j'ai pas pu faire ce que j'avais envie de faire, je suis pas allé au bout [...] c'est un combattant que j'attendais, que j'avais envie de battre depuis très longtemps, en plus ici chez lui (au Japon), et ça s'est passé autrement..." confiait-il à l'issue de son combat. Mais malgré cette défaite, le Français positive, conscient du chemin parcouru depuis son retour à la compétition en Mars dernier après une longue série de blessures : "Je reviens de loin, j'ai repris la compétition en Mars, je me suis reconstruit, et je suis presque reparti de zéro. [...] J'étais prêt aujourd'hui.".

Qualifié pour le second tour, Luka Mkheidze a dû avoir une sacrée surprise en découvrant que son futur adversaire ne serait pas le n°1 mondial Robert Mshvidobadze (RUS), présent dans sa partie de tableau, mais son tombeur au 1er tour Yung Wei Yang, combattant originaire de Taïpeï. Mais cet adversaire coriace et en grande confiance après son exploit du premier tour propose un Judo tactique face auquel Luka ne trouve réponse. Le Français est sur la défensive et concède deux shidos le mettant dans une position délicate. Multipliant les passages au sol, Yung Wein Yang fait finalement mouche lors du Golden Score sur une immobilisation que le Français ne peut défendre. Luka Mkheidze quitte ainsi la compétition au même stade que l'année dernière où il vivait ses grands débuts en sur la scène mondiale. À l'issue du combat, le jeune français accusait le coup : "Je suis très déçu parce que ça se répète comme l'année dernière, le combat est à ma portée et je termine la compétition au deuxième tour. Y'avait des belles choses à aller chercher du coup je suis frustré." Luka devra passer à autre chose et retourner à l'entraînement, il se tourne déjà vers les prochaines échéances : "Ce qu'il me reste à faire c'est se relever et continuer à travailler, travailler et encore travailler. Il faut toujours travailler plus que les autres pour progresser. Je vais pas baisser les bras.".

© Thierry Albisetti / FFJudo

Demain, deux Français seront en compétition à Tokyo. Amandine Buchard, n°1 mondiale et grande chance de médaille française voudra accomplir son rêve de titre mondial et faire ainsi mieux que ses deux médailles de bronze déjà remportées sur des championnats du monde. La Française qui prépare, comme ses amis de l'Équipe de France cette échéance depuis plusieurs mois, sera une des têtes d'affiches à abattre demain et voudra faire respecter la hiérarchie comme ce fut le cas aujourd'hui en - 48 kg où les deux athlètes les mieux classées à la World Ranking List s'affrontaient. Côté masculin, Kilian Le Blouch, auteur d'une saison 2019 de grande qualité voudra créer la surprise. Il aura cependant fort à faire car, en cas de qualification, il devra faire face au n°2 mondial Japonais Joshiro Maruyama dès le 3e tour. 

L'OEIL DE STÉPHANE TRAINEAU : 

Le bilan de la journée est décevant. Décevant car je pense qu’il y avait peut-être deux médailles à aller chercher aujourd’hui : une pour les garçons, une pour les filles.  

Mélanie nous fait une très belle journée. Malheureusement, elle passe à côté d’une médaille, une place de cinquième. On dit toujours que c’est la place un peu compliquée. Elle avait un défi bien sûr, puisque c’était la Japonaise Funa Tonaki en quart de finale. On savait que ça allait se jouer au sol, ça s’est joué au sol, et on sait que la Japonaise est extrêmement performante dans ce domaine-là. Le repêchage qui lui était proposé était quand même très compliqué, avec la championne olympique Paula Pareto (ARG) en finale de repêchage, qu’elle a bien dominé, une athlète qui est compliquée à combattre, qui fait beaucoup d’attaques, de mouvements d’épaules, qui enchaîne beaucoup, mais Mélanie l’a bien contrée. Après c’était aussi compliqué car Urantsetseg Munkhbat (MGL) est championne du monde. On l’avait bien regardée en vidéo, on l’avait bien analysée, ses différents mouvements et puis aussi le sol. Mélanie s’est laissée un peu piéger sur le combat au sol. L’arbitre a un petit peu laissé traîner le combat, il aurait peut-être pu dire mate. Mais ça ne se joue pas à grand-chose. Ce qu’il faut retenir c’est qu’elle a un peu trop laissé faire et un peu trop laissé engager la Mongole, c’est dommage. Mais en même temps, depuis un an, je vois que Mélanie a vraiment beaucoup travaillé mais aussi beaucoup progressé, elle se rapproche des meilleures, elle n’est pas loin, c’est de bon augure pour la suite.  

Chez les garçons, il y avait un tableau pas facile proposé à Luka, notamment avec le n°1 mondial qu’il devait prendre au deuxième tour. Le Russe, n°1 mondial, a eu la bonne idée de perdre dès le premier tour, donc il est vrai que d’un coup le tableau s’ouvrait bien pour Luka. Il a eu un premier tour pas facile, mais ce n’est jamais facile un premier tour de championnats du monde. On ne le sentait pas très libéré, je me suis dit qu’il allait se libérer sur le deuxième. Et puis non, ce jeune Chinois de Taipei, qui est très en énergie, qui bouge beaucoup, l’a dominé vraiment de la tête et des épaules. C’est dommage car je pense qu’il avait vraiment la place pour passer et il avait un chemin à saisir.  

Quant à Walide il était bien, il était percutant, il était en forme, il était agressif. Huitième de finale contre le champion du monde sortant. Quand même un petit peu à l’image de Luka : il avait vraiment une chance à saisir, une opportunité à prendre. Des pénalités qui tombent un petit peu vite en début de combat, des pénalités qui ne tombent pas pour le Japonais et une sortie de tapis en fin de match qui ruine ses espoirs. C’est dommage car vu la forme qu’il avait aujourd’hui et vu la suite du championnat, quand on pense que c’est le Géorgien champion d’Europe qui devient champion du monde alors que Walide avait quasiment fait jeu égal avec lui aux championnats d’Europe, c’est dommage. Walide est bien revenu, il a à nouveau progressé, il est présent, il a montré qu’il était là, dans une catégorie très relevée. C’est en ce sens qu’il n’a pas pu prendre cette opportunité, c’est un peu dommage. Mais c’est de bon augure pour l’avenir. 

© Thierry Albisetti / FFJudo

En ce qui concerne demain : le tirage au sort d’Amandine est très intéressant car les deux Japonaises, dont Uta Abe la championne du monde en titre, sont de l’autre côté, et car Majlinda Kelmendi (KOS) la championne olympique est de l’autre côté. Il va falloir certes qu’elle batte ses adversaires mais les trois plus grosses adversaires d’Amandine sont de l’autre côté. Tout le mal que je lui souhaite c’est de se diriger vers la finale, contre une Japonaise ou la Kosovare, ou une autre, on ne sait pas.  

Pour Kilian, c’est une catégorie dantesque, 92 athlètes ! Donc bien malin qui pourra dire qui sera au bout de cette catégorie demain. Ça va être un très long chemin mais Kilian est armé pour ce genre de chose car c’est quelqu’un d’endurant, de résistant. Mais par contre, il va falloir qu’il démarre tout de suite, qu’il soit tout de suite dans le bain, car parfois il a un peu de mal à rentrer dans les compétitions. Là, il ne faudra pas de tour de chauffe pour lui, pour qu’il puisse ensuite s’exprimer pleinement sur ses qualités d’endurance & de résistance, où il est un peu rouleau compresseur sur ses adversaires. Je pense que c’est là-dessus qu’il va falloir qu’il pioche pour avancer le plus loin possible dans le tableau.  

QUELQUES PHOTOS DU JOUR 

© Philippe Rabouin / FFJudo

© Thierry Albisetti / FFJudo

 

© Philippe Rabouin

 

(Photos à venir)

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