La confrontation, au rythme de chacun
Qui dit début de saison dit également premières compétitions à l’horizon. Une bonne occasion de mesurer ses progrès en se confrontant à d’autres, sans pour autant que l’enjeu ne prenne le pas sur le plaisir. Une affaire de volontariat avant tout selon Serwan des Cognets, professeur au Kumo Judo dans le Finistère.
Passionné par la compétition, Serwan des Cognets a pris du recul depuis qu’il a fondé en 2002 le Kumo Judo dans les pays de Morlaix, Brest et Haut-Léon en compagnie de David Bizouarn. « Moi qui avais au départ tendance à envoyer tout le monde en compétition pour leur faire découvrir cette dimension sportive que je préférais, j’ai progressivement compris, notamment en comparant avec d’autres activités, que l’expérience pouvait s’avérer négative sans un minimum de régularité au préalable. Le judo est ingrat puisqu’il est possible de faire un déplacement de deux heures pour ne passer que sept secondes sur le tapis… J’attends donc de mes élèves qu’ils s’astreignent à un certain volume d’entraînement – au moins deux fois par semaine en benjamins, puis trois en minimes, afin de sentir leur volonté de s’engager avant de les accompagner en compétition. C’est vraiment leur motivation, plus que leur niveau sportif, qui va compter. »
DE L’ENTRAÎNEMENT ARBITRÉ
Pour mettre progressivement le pied à l’étrier, c’est un premier cycle de tournois préparatoires, départementaux ou régionaux, qui lance la saison avant les premiers championnats officiels. « En Finistère, nos benjamins participent par exemple à des tournois qualificatifs pour le championnat départemental, organisés sous forme de poules pour garantir à chacun d’effectuer entre cinq et huit combats, pour qu’ils accrochent à la pratique et qu’ils se familiarisent à cet environnement, les émotions de la victoire et de la défaite, sans véritablement se préoccuper du résultat. J’ai l’habitude de tous les prévenir que la partie est loin d'être gagnée et que ce n'est pas sûr qu'ils brillent dès le premier jour, mais que cela importe peu car tous sont là pour disputer un entraînement arbitré, nécessaire pour évoluer dans sa progression. C’est le moment où l’on peut aussi déceler les petites erreurs de préparation, d’échauffement, de gestion du stress, pour apprendre à mieux se connaître pour l’avenir. » Une excellente manière d’apprendre sans pression.
CHACUN SON TIMING, CHACUN SA VOIE
Et pour ceux qui n’ont pas envie de sortir du cadre de l’entraînement au club ? « Quand la rencontre avec la compétition n’a pas été voulue réellement par le combattant, c’est dur d’y trouver du plaisir. Il faut vraiment que cela vienne de l’élève, même si l’expérience fait que le professeur peut parvenir, en prenant le temps de discuter, de faire sauter le verrou de stress qui peut empêcher de franchir une fois pour toutes le pas de la compétition. Cela peut prendre plus ou moins de temps suivant les profils et les caractères, et pour ceux qui n’y trouveront jamais leur compte, il y a un tas d’autres choses à faire pour s’épanouir dans le judo, comme les passages de grade, l’arbitrage, l’encadrement des plus jeunes, le bénévolat… » Sans oublier le simple plaisir de s’entraîner avec ses amis, de prendre part à des stages pour partir à la rencontre d’autres pratiquants. Une seule certitude : chacun trouve sa place au judo !
