Angelo Santelia : 50 ans de judo et une passion intacte

Désigné vainqueur par l’arbitre à l’issue de sa finale aux mondiaux vétérans en M7 -81kg, Angelo Santelia pouvait exulter, trois doigts de chaque main pointés vers le ciel. « Cette année, je m’étais fixé comme challenge de remporter les championnats de France, d’Europe et du monde, parce que je ne pouvais pas rester sur l’échec des mondiaux 2023 où je m’étais rompu le tendon de l’ischio-jambier en finale. Je me suis préparé pour, en ayant la chance de pouvoir faire judo tous les soirs dans les clubs où j’enseigne, à l’AJ Loire et aux Arts Martiaux Montbrison, que j’ai repris il y a trois ans et où, avec d’autres motivés, nous nous sommes lancés sur le circuit vétérans. Pour jouer dans un premier temps, mais avec cette incroyable sensation de voir que tout se remettait en place au fils des séances d’uchi-komis, des entraînements difficiles, comme si j’avais appuyé sur le bouton "play" après des années en pause faute de temps. » 

De la transmission en direct 

Convaincu que l’âge « n’est qu’un chiffre » alors que la soixantaine approche, il voit en cette expérience un autre levier de transmission auprès de ses élèves. « En plus du respect qu’ils nourrissent envers leur professeur, je vois que le fait de pratiquer assidûment avec eux, de tomber et surtout de se relever, donne du poids à mon message général, valable sur et en dehors des tatamis, que rien n’est impossible pour peu qu’il y ait de la volonté et de l’engagement. »  

Passion du judo sous toutes ses formes 

Un exemple en action qui ne sait que trop bien la valeur de cette discipline qu’il a rencontrée pour la première fois à l’âge de dix ans pour ne plus jamais s’en détourner. « J’étais ce gamin un peu turbulent comme on en croise beaucoup, et pour qui ses premières séances, du côté du Chambon-Feugerolles, marquèrent le début de tout. Le simple plaisir de faire tomber les autres s’est rapidement transformé en véritable ligne de vie, qui m’a permis de vivre des moments extraordinaires sur le plan humain. » Passé à vitesse grand V de l’arbitrage national au circuit international, sa participation aux Jeux paralympiques de Londres et de Rio de Janeiro reste notamment gravée dans son esprit, point d’orgue d’une grosse décennie passée à écumer les plus grands rendez-vous de la planète. 

Un terrain de jeu infini 

Admiratif des compétiteurs japonais de plus de soixante-dix ans croisés au Dojo de Paris début novembre, Angelo Santelia, auteur d’une reconversion remarquable pendant une quinzaine d’années autour de la menuiserie, ne se fixe pas de limite. « Tant que je peux continuer de m’éclater sur le tapis – je remercie au passage mon épouse qui me laisse vivre pleinement ma passion, je ne vois aucune raison d’arrêter. Au judo, tu as la chance de pouvoir constamment travailler de nouvelles formes de corps, d’explorer différents domaines techniques au sol et debout. C’est un terrain de jeu infini, où le travail finit toujours par porter ses fruits. À condition de ne rien lâcher, de ne pas compter ses heures. » Pas le genre du personnage, toujours à pied d’œuvre derrière ses protégés et déjà rivé vers de nouveaux objectifs personnels. 

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