Le journal de Thomas Pesquet
Le journal de Thomas Pesquet –
J-7 pour la grande aventure d’un judoka hors du commun …
Chaque mois depuis plus de deux ans, l'astronaute Thomas Pesquet raconte les coulisses de son entraînement aux lecteurs de Ciel & Espace. À quelques jours de son départ pour six mois vers la station spatiale internationale, le 17 novembre, le voilà en quarantaine...
® ESA–Stephane Corvaja.
En quarantaine
« Nous ne sommes qu'à quelques jours du lancement mais, pour le moment, je ne ressens pas de pression particulière. C'est peut-être parce que j'ai déjà vécu deux fois ces journées qui précèdent un départ vers l'espace, en tant que doublure... Bien sûr, je sais que la pression va monter à un moment ou à un autre. Ce sera peut-être au pied de la fusée, ou dans le Soyouz quelques minutes avant le tir. Ou au moment de dire au-revoir à ma famille. On verra.
En tout cas, pour le moment, l'ambiance ici est particulièrement tranquille ! Depuis notre arrivée à Baïkonour il y a une semaine, Peggy, Oleg et moi sommes en quarantaine. La quarantaine, ça signifie une vie bien réglée : des repas à heures fixes, à la même table tous les jours, du sport, un massage quotidien, et surtout une vie en vase clos avec la quarantaine de personnes qui s'occupe de nous, depuis les instructeurs jusqu'aux médecins, en passant par les cuisiniers.
Pendant la quarantaine, nous ne quittons que deux fois le centre où nous vivons, pour aller tester l'intérieur de notre Soyouz, en combinaison de vol. Nous l'avons fait le 2 novembre. Nous y retournerons le 11, cette fois lorsque le vaisseau sera sous la coiffe de la fusée. Lors de ces sorties, tous les gens que nous côtoyons doivent porter des masques, et nous n'avons pas le droit de serrer la main à quiconque. Le but de la quarantaine est évidemment d'éviter de tomber malade ! Je le vois aussi comme un sas entre notre vie sur Terre et la vie dans l'espace...
De la musique, pour la route
L'une de mes occupations ces jours-ci, c'est de préparer mes playlists musicales. En particulier celles que j'écouterai pendant le voyage vers la station spatiale. Car il va durer deux jours, et non pas six heures comme c'était encore le cas des lancements avant l'été. Cette durée est liée au fait que nous partons avec une version récente du vaisseau Soyouz, qui nécessite une mise à jour des stations de suivi au sol. L'une d'elle n'a pas pu être équipée à temps, du coup le centre de contrôle a décidé que nous ferions le voyage en deux jours. Nous aurons ainsi plus de temps pour valider l'orbite.
En fait, entre les premières heures du vol, très occupées, et la phase finale de rendez-vous avec l'ISS, nous passerons plusieurs heures sans grand-chose à faire, à part une éventuelle correction de trajectoire le deuxième jour. Il nous faudra dormir, manger (mais les premiers jours on perd l'appétit en apesanteur) et patienter dans le petit volume du module de descente et du module orbital. Et comme nous aurons mis le vaisseau en rotation pour le stabiliser, il ne sera pas question de regarder à travers le hublot : nausée garantie !
Pendant le vol vers l'ISS, j'écouterai donc sans doute de la musique. J'ai choisi un peu de tout dans mes playlists, avec pas mal de musique électronique (Yuksek, M83...). A vrai dire, j'aurai le temps de les écouter plusieurs fois de suite. Il faut peut-être que je pense à emporter un sudoku ? »
Le journal de bord de Thomas Pesquet
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® ESA–Stephane Corvaja.
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